À 29 ans, Camille Razat oscille d’une superproduction Netflix au film de genre avec une aisance déconcertante. Pour CitizenK, elle se met dans la peau de la femme Fendi, tannée avec talent, à l’instar des fameux sacs Peekaboo de la maison.

Citizen K : Pour commencer, racontez-nous rapidement votre parcours. 

Camille Razat : Originaire de Toulouse, je suis arrivée à Paris à 18 ans. Je voulais devenir journaliste, donc j’ai passé un concours d’entrée, que j’ai eu. Puis, j’ai décidé de faire quelque chose de différent avant d’entamer mes études. C’est alors que j’ai commencé le cours Florent : je me suis dit que de toute façon je ne perdrais pas mon temps, je pourrais apprendre à mieux m’exprimer en public et je découvrirais de beaux textes. À ce moment-là, je n’avais pas encore le désir que cela devienne ma vocation. Et finalement, la passion m’a prise et ne m’a pas lâchée depuis.

Citizen K : On vous a découverte dans Emily in Paris, la série que tout le monde adore détester, où la mode tient le premier rôle. Pourriez-vous emprunter des vêtements à votre personnage ?

Camille Razat : “Que tout le monde adore détester”, c’est bien vrai ! (Rires) Mais d’une certaine façon, c’est plutôt rassurant car tout phénomène de la pop culture génère de l’amour comme de la détestation. Quant aux pièces que je pourrais piquer à Camille (mon personnage), il y en a certaines en effet. Notamment un long manteau en latex du designer Avellano. Ou en saison 2, un perfecto oversize, un basique rock qu’on peut mettre à toutes les sauces.

Citizen K : Avec Philippine Leroy-Beaulieu (qui joue le rôle de Sylvie), vous interprétez deux Parisiennes très chic. Qu’est-ce qui fait le style parisien d’après vous ?

Camille Razat : Je ne sais pas s’il y a un style parisien. Je pense que c’est plus une question d’énergie, d’attitude. Philippine est une femme, y compris dans la vie, élégante et extrêmement charismatique.

Citizen K : Dans la vie de tous les jours, qu’aimez-vous porter ?

Camille Razat : J’aime bien les looks un peu masculins. Comme je bouge beaucoup, j’aime un jean en belle toile type Céline avec des mocassins, des chaussettes un peu colorées et une chemise blanche simple avec le col rabattu sur un pull oversize. J’aime jouer avec les coupes des vêtements, je pense que c’est en jouant avec les proportions que l’on propose un look. J’adore l’oversize.

Citizen K : Et sur le tapis rouge ?

Camille Razat : Sur le tapis rouge, j’aime me mettre dans un personnage. J’aime l’idée de ne pas être tout à fait moi, le tapis rouge étant un exercice assez intimidant.

Citizen K : Vous aviez fait sensation dans votre robe dorée au défilé Fendi en janvier 2022. Que représente la marque pour vous ?

Camille Razat : Fendi représente l’élégance et l’intemporalité. Quand on regarde les anciens shows de la marque, on pourrait encore tout porter aujourd’hui. Les matières sont d’une qualité rare, les vêtements sont taillés parfaitement. La femme Fendi est intemporelle.

Citizen K : Dans un tout autre registre, vous jouez une psychiatre dans Mastemah de Didier D. Daarwin, qui est à la croisée de l’horreur et du film de genre. Comment avez-vous préparé ce rôle ?

Camille Razat : J’ai regardé tous les films et séries possibles en rapport avec la psychiatrie. Que ce soit du côté patient ou du côté praticien. J’ai même appelé plusieurs fois un hypnotiseur pour qu’il m’explique en quoi cela consiste ; et pour qu’il me parle des différents types d’hypnose. De là, j’ai pris ce qui me semblait le plus cinématographique et j’ai fait ma petite cuisine, comme on dit. Ensuite, j’ai regardé des contenus en rapport avec l’occulte et le diable. Je suis moi-même très sensible aux histoires de sorcellerie, ou de possession. Je prends cela très au sérieux.

Citizen K : Vous qui aimez les films d’horreur, lesquels recommanderiez-vous ?

Camille Razat : Je dirai Get Out, car les codes du film d’horreur y sont décalés, il y a même par moments de l’humour. J’adore It Follows qui, au même titre que Get Out, joue avec les codes de l’horreur mais ne tombe jamais dans le cliché. Et dernièrement, j’ai vu Midsommar, qui est un chef-d’œuvre.

Citizen K : Y a-t-il des personnages de films qui vous ont marquée par leur style ?

Camille Razat : Edward aux mains d’argent a complètement marqué mon enfance. J’ai moi-même eu un passage gothique. Le fait d’enfermer un personnage si gentil et altruiste dans un costume si repoussant, ça

relève du génie de Tim Burton et de son amour pour les “monstres” que je partage. Sinon, je dirais Michelle Pfeiffer dans Scarface. 

Citizen K : Après la comédie et le film de genre, quel univers cinématographique voudriez-vous explorer ?

Camille Razat : J’adorerais non pas un genre mais une rencontre. Avec un réalisateur ou une réalisatrice. J’aimerais être dirigée par quelqu’un qui a un ADN visuel puissant, une façon unique de voir et de filmer les choses. Quelqu’un comme Yórgos Lánthimos, par exemple. Cet homme me fascine.

Citizen K : Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Camille Razat : Travailler avec une ou un grand réalisateur justement. Et que mon personnage soit profond, complexe et attachant