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La papamobile Mercedes Classe G

IMMATRICULÉE CONCEPTION

Par NICOLAS DEMBREVILLE

La papamobile est née quelques années après l’apparition de l’automobile. Spécialement développées pour transporter le pape, les plus récentes sont blindées et depuis peu électriques.
Une histoire de papes et de soupapes.

Le pape a un pays (le Vatican), des vêtements (le camail ou la soutane), une langue (le latin) et des coutumes singulières (le célibat notamment). Pourquoi, dans ces conditions, n’aurait-il pas une auto bien à lui? Pour se déplacer, le souverain pontife utilise la fameuse papamobile.
Mais bien avant l’invention de l’automobile, le pape se déplace déjà en véhicules spé-cifiques. Il utilise calèches et carrosses savamment décorés pour ses transports dans la foule et chaises à porteur ouvragées quand l’assemblée se fait plus com-pacte. Signe des temps, la dernière voiture du pape est électrique.

UNE PAPAMOBILE À PILES

Présentée l’an passé, elle est blanc immaculé comme de coutume, de marque Mercedes comme bon nombre de papa-mobiles, mais n’a plus de pot d’échappe-ment. Ce n’est pas la première auto à piles du pape. Renault lui avait concocté une Kangoo de ce type voilà quelques années, offerte au Vatican. La dernière-née est basée sur la Classe G 580 EQ, un impressionnant tout-terrain anguleux à la solide stature. Ce modèle est passé aux watts en 2024 pour mieux s’inscrire dans notre époque écolo-politiquement-correcte. Les ingénieurs de l’Étoile ont travaillé la mécanique à 4 moteurs de 587 ch, pour les déplacements au pas. Toute la partie arrière de l’auto est découpée et des marchepieds latéraux ont été ajoutés. Une ouverture permet au pape d’accéder à bord par l’arrière et de rejoindre le fauteuil central, réglable en hauteur. Deux strapontins ont également été installés tout au fond. La sellerie est assortie au blanc immaculé de la carrosserie. Le sol est recouvert quant à lui de moquette rouge. L’engin peut recevoir un toit rigide amovible qui laisse le souverain bien visible de la foule mais le protège d’un éventuel attentat. C’est le troisième Classe G utilisé par le Saint-Père.

En matière de papamobiles, tout débute au tout début du xx° siècle. Le garage du Vatican reçoit sa première auto à moteur en 1909, semble-t-il. Elle serait un don de l’évêque de New-York de l’époque. Par la suite, les cadeaux automobiles se multiplient. Las, le pape préfère encore jusqu’aux années 1920 le cheval au moteur à explosion. Ce n’est que dans les années 1930 que la voiture prend clairement le dessus. Défilent alors dans le garage pontifical de nombreuses autos italiennes, des Bianchi ou Fiat notamment. Mais on verra aussi débarquer une Graham américaine ou encore une Citroën C6 de 1930, fort élégamment agencée. André Citroën, génie du marketing, a bien compris tout le bénéfice qu’il peut tirer du placement d’un de ces modèles au Vatican. Las, la décoration un peu clinquante de ce véhicule rend le pape hésitant. La voiture française ne sortira finalement pas beaucoup du garage. C’est aussi à cette époque que Mercedes prend position au Vatican pour la première fois. Cette firme est devenue par la suite une très grande pourvoyeuse en papamobiles.

*Cet article est issu de notre numéro de printemps 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*