×

HÔTEL DU COUVENT, NICE TO MEET YOU

Par JOSÉPHINE RONEY

À l’abri des ruelles de la vieille ville de Nice, un ancien couvent du XVIIe siècle renaît sous forme d’hôtel. Ni boutique ni palace, mais un lieu à part, habité par le temps long, la nature généreuse et une idée bien précise de l’hospitalité contemporaine. Une réinvention du calme, orchestrée par Perseus et son fondateur Valéry Grégo.

Une bâtisse, quatre siècles et un pari

Il y a des murs qui parlent. Ceux de l’Hôtel du Couvent racontent quatre cents ans d’histoire niçoise. D’abord foyer des Clarisses, puis refuge des Visitandines, ce couvent fut longtemps un îlot de silence et de soin au cœur de la ville. Herboristerie, boulangerie, chapelle : la vie y battait doucement, loin du vacarme.

Aujourd’hui, si les nonnes ont cédé la place aux hôteliers, l’esprit reste. Rénové avec une patience quasi religieuse durant dix ans par Perseus, le couvent est devenu un lieu d’hospitalité rare, où l’apaisement n’est pas un concept marketing mais une réalité sensible.

Nice, entre deux mondes

Nice regarde vers l’Italie mais garde un pied en Provence. Ancienne savoyarde, un temps italienne, la ville ne choisit pas, elle compose. Et l’Hôtel du Couvent s’inscrit dans cette tension douce entre passé et présent, entre expérience du luxe et apaisement spirituel. Une adresse où tout semble possible, tant le lieu épouse la ville dans ce qu’elle a de plus singulier.

Chambre avec vœux 

Ici, passer la nuit ne se limite pas à dormir. C’est une invitation à ralentir, à se délester du superflu pour mieux habiter l’instant. À l’Hôtel du Couvent, chaque chambre incarne cette philosophie douce : déconnexion choisie, vie pleine et simple. Les anciennes cellules monacales ont été repensées pour les amateurs d’élégance minimaliste : enduits à la chaux, draps épais, mobilier en bois brut, lumière feutrée. Certaines chambres s’ouvrent sur des terrasses privées, idéales pour les matinaux contemplatifs. Les suites, avec jardins secrets, accueillent aussi bien les solitaires esthètes que les familles discrètes. Et selon l’orientation, la vue se perd sur les toits ocre du Vieux-Nice, les jardins en terrasses ou l’horizon bleu de la Méditerranée.

Les matériaux sont choisis avec soin et goût : pierre naturelle au sol, lin lavé, bois massif, marbre, rideaux qui tamisent plutôt qu’ils n’occultent. Pas de télé accrochée au mur — ici, l’écran, c’est la fenêtre.

L’abondance en partage

Un hectare trente-six de jardin, plus de 300 espèces végétales. Un monde autonome, nourricier, médicinal, spirituel. Le samedi matin, le marché fermier local transforme le cloître en place de village.

Au nom des bains

À l’adresse où le temps s’arrête, le bien-être s’inspire des traditions antiques pour offrir une expérience holistique unique. Le parcours thermal, fidèle aux bains romains, guide les hôtes à travers le tepidarium (bain tiède), le caldarium (bain chaud) et le frigidarium (bain froid), complété par une piscine intérieure à ciel ouvert et un bassin de repos.

Les thermes dispensent également des massages sur-mesure aux huiles essentielles sélectionnées par l’herboriste du Couvent, des drainages lymphatiques selon la méthode Luca Bagnara, ainsi que des traitements spécialisés tels que la réflexologie, le shiatsu et l’acupuncture. Les soins visage, quant à eux, sont élaborés avec des marques reconnues pour leur approche holistique et l’utilisation d’ingrédients naturels. Le Movement Studio, intégré au couvent, complète cette offre bien-être avec des cours quotidiens de yoga, Pilates, danse, méditation, Ginastica Natural et Animal Flow — pour conjuguer quiétude physique et mentale.

Thomas Vételé et l’authenticité 

Il est arrivé sans tambour ni trompette, un tablier, un sécateur à la main, et une furieuse envie de faire bon. Thomas Vételé a choisi l’Hôtel du Couvent comme on fait un choix de vie. Ancien chef étoilé, formé dans des établissements prestigieux tels que le Plaza Athénée, le Peninsula ou encore le Shangri-La à Paris, il a quitté le tumulte pour s’installer dans ce couvent, séduit par la vision d’une hôtellerie durable et ancrée dans son environnement.

Fils de maraîchers, Vételé se démarque par sa simplicité. Sa collaboration étroite avec Avit Ghibaudo, maraîcher de la Ferme Notre-Dame à Touët-sur-Var, ancien financier reconverti, est au cœur de cette nouvelle aventure. Les menus, imaginés ensemble, évoluent au rythme des récoltes, mettant en avant des produits frais et locaux. Cette approche exige une grande adaptabilité du chef, qui compose désormais ses plats en fonction des disponibilités du moment — pour une cuisine vivante et authentique.

L’expérience culinaire se décline dans plusieurs espaces :

  • Le Restaurant du cloître, dans l’ancien réfectoire des sœurs, propose une carte raffinée dans une salle apaisée, aussi prisée pour le petit-déjeuner que pour les dîners inspirés.
  • La Guinguette du jardin, sur les restanques, installe une ambiance décontractée pour des déjeuners au soleil, avec des plats simples mais parfaitement exécutés.
  • Le Bistrot des Serruriers, accessible depuis la rue, se fond dans le décor de carte postale du Vieux-Nice. L’intérieur nous plonge dans le cinéma de Pagnol, et derrière son ardoise faussement désinvolte, le chef Endy Le Page propose une cuisine du marché savoureuse et sans prétention.

Chaque lieu partage une exigence commune : qualité, respect du produit et amour sincère de la bonne cuisine.

L’engagement durable de l’établissement se prolonge jusque dans sa boulangerie, dirigée par Geffrey Marx, fils de Thierry, qui confectionne sur place pains et viennoiseries à partir de céréales anciennes et de levains maison. Du pain béni, littéralement.

Les coulisses du miracle

Derrière le Couvent, un homme : Valéry Grégo. Cet ancien financier amateur de poésie — ce qui n’est pas difficile à croire tant l’atmosphère du lieu semble suspendue — est le fondateur de Perseus, groupe hôtelier à l’origine de cette résurrection. Il aura fallu dix ans de travaux pour restaurer ces trois bâtiments, y ajouter une aile, et faire dialoguer l’ancien et le neuf avec une rare justesse. Pour mener à bien ce projet confié en 2014, il s’est entouré de pointures : le Studio Mumbai et le Studio Méditerranée, fondé par son frère Louis-Antoine Grégo, pour l’architecture ; Feusten pour l’intérieur.

Lieu culte 

La décoration est choisie avec un goût inouï, les massages du corps et des papilles sont remarquables, le personnel d’une attention exemplaire. Rien n’est laissé au hasard, mais tout semble naturel. Tout est pensé au millimètre près, dans cet endroit où tout semble pourtant couler littéralement de source. Ne serait-ce pas ça, le vrai luxe ? 

hotelducouvent.com @hotelducouvent 
1 rue Honoré Ugo – 06300 Nice, France