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Vues de l'exposition de Tamaya Sapey-Triomphe © La Corvée

Dix expositions parisiennes à voir cet automne

Par Justine Sebbag

Cet automne à Paris, musées, galeries et lieux culturels proposent un programme foisonnant qui va vous en mettre plein les mirettes. Des avant-gardistes italiens de l’arte povera aux jeunes diplômés des Beaux-Arts en passant par le grand photographe de mode Erwin Blumenfeld, voici notre sélection des expositions à ne pas manquer. 

Tamaya Sapey-Triomphe à la Corvée 

Pour sa première exposition personnelle, l’architecte-illustratrice Tamaya Sapey-Triomphe installe ses grands formats colorés aux murs de la Corvée, dans le XVIIIe arrondissement. Ce lieu, qui fait à la fois office de galerie et de café-laverie solidaire, accueille la fine fleur de la jeune création depuis moins d’un an. De son trait spontané au choix du titre de l’exposition – “À l’époque heureuse où j’avais bâti mon nid tout en haut du grand palais de l’immense royaume” – emprunté à Paul Grimault (Le Roi et l’Oiseau), l’artiste bâtit des palais imaginaires à partir de cartons récupérés. 

Jusqu’au 30 septembre 2022 à La Corvée, 36, boulevard Ney, 75018

Madeleine Roger-Lacan à la galerie frank elbaz 

L’univers fantasmagorique de Madeleine Roger-Lacan est exposé tout au long du mois de septembre à la galerie Frank Elbaz, dans le quartier du Marais. L’exposition intitulée Painting under my skirt regroupe une sélection de tableaux figuratifs flirtant avec le surréalisme. Une scène intime vue en travers d’une fente, une sculpture brisée à l’effigie de Marilyn Monroe, de gigantesques chaussures, pour Madeleine Roger-Lacan la peinture est un jeu aux mille possibilités où les formes s’assemblent et se découpent. 

Jusqu’au 1er octobre 2022 à la galerie frank elbaz, 66, rue de Turenne, 75003

L’exposition des félicités des Beaux-Arts de Paris à POUSH

Les Beaux-Arts de Paris invitent les trente-cinq diplômés ayant reçu les félicitations du jury en 2020 et 2021 à imaginer des œuvres et performances autour de la notion de milieu et de ses bordures. Sous l’impulsion de l’artiste et commissaire Thomas Fougeirol, l’exposition Felicità Milieu des choses pose la question suivante : « A quel point sommes-nous sensibles aux autres milieux [et] aux autres dans leurs milieux ? ». Sommés de ralentir pour créer dans un monde qui va à toute vitesse, certains artistes s’envisagent comme des centres quand d’autres en étudient les contours. Déployée hors les murs sur le plateau de 1800m2 de POUSH à Aubervilliers, l’exposition montre aussi l’intérêt grandissant de l’art pour l’espace et la liberté qu’offrent les périphéries. 

Jusqu’au 2 octobre 2022 à POUSH, 153, avenue Jean Jaurès, 93300 Aubervilliers.  

Neïla Czermak Ichti, Flo*Souad Benaddi, Lassana Sarre, Ibrahim Meïté Sikely et Luna Petit à la galerie Anne Barrault 

Après être sortis le sourire aux lèvres de la première exposition personnelle de Neïla Czermak Ichti à la galerie Anne Barrault, ses amis se joignent à elle cet automne pour présenter Les amis durent. Parmi leurs travaux se tisse le fil d’une conversation singulière, où il est question d’une expérience commune – If only I could forget what these suckers told my friends and me – et d’une protection bienveillante – « qu’Allah me protège » lit-on sur la toile The Sound of Perseverance – garantie par une amitié indéfectible, qui dure. 

Jusqu’au 8 octobre à la galerie Anne Barrault, 51, rue des Archives, 75003.

Jerrell Gibbs à la galerie Mariane Ibrahim

Après avoir conquis le marché de l’art américain de Chicago à Seattle, la galeriste Mariane Ibrahim s’installe à Paris en septembre 2021. Cet automne, elle poursuit son ambition d’accompagner et de dévoiler des artistes contemporains issus de la diaspora africaine avec Entre Nous. À travers cette première exposition européenne, l’artiste Jerrell Gibbs donne un aperçu des moments de latence qui rythment son existence d’homme noir aux Etats-Unis. Parce que son quotidien ne se résume pas qu’au portrait des Afro-Américains véhiculé par les médias, des moments précieux comme écrire dans un journal, souffler ses bougies d’anniversaire ou humer un bouquet de fleurs deviennent le sujet de ses toiles. 

Jusqu’au 8 octobre 2022 à la galerie Mariane Ibrahim, 18, avenue Matignon, 75008

Elsa & Johanna au Studio de la MEP 

Au Studio de la MEP, le duo de photographes françaises Elsa & Johanna, alias Elsa Parra et Johanna Benaïnous, ouvre la saison avec son dernier projet The Timeless Story of Moormerland. Au cours d’un voyage dans les contrées nordiques de l’Allemagne, les deux artistes s’installent temporairement dans la commune de Moormerland, en Basse-Saxe, où elles occupent des maisons au charme désuet le temps d’incarner des personnages énigmatiques. Imitant l’allure d’un album de famille, leurs clichés sont présentés sous la forme de tirages argentiques et d’une projection de diapositives, à observer dans le confort d’un salon à l’atmosphère étrange créé pour l’occasion. 

Jusqu’au 6 novembre 2022 au Studio de la MEP, 5/7 Rue de Fourcy, 75004

Jo Ann Callis et Jan Groover à la galerie Miranda  

Cet automne, la galerie Miranda, dédiée à la photographie de collection, consacre une double exposition aux pionnières du mouvement new color, les artistes américaines Jo Ann Callis et Jan Groover. Toutes deux diplômées en beaux-arts et pourvues d’une grande culture picturale, elles s’inspirent des aplats de couleurs du peintre italien Giorgio Morandi pour composer leurs photographies. Élaborées à partir de tirages d’époques rares et d’autres plus contemporains, les séries Early Color (Callis) et Kitchen Still Lifes (Groover) renvoient aux questionnements féministes qui agitent les Etats-Unis dans les années 70. Bien que ni l’une ni l’autre ne se revendique particulièrement militante ou engagée, leur terrain est l’espace domestique, où elles subliment un quotidien féminin parfois enfermant. 

Jusqu’au 13 novembre 2022 à la galerie Miranda, 21, rue du Château-d’Eau, 75010

Alice Neel au Centre Pompidou 

Programmée en 2020 puis reportée, l’exposition consacrée à la peintre Alice Neel ouvrira finalement ses portes en octobre au Centre Pompidou. Figure de proue de l’art nord-américain et icône féministe, c’est son regard engagé qui sera mis à l’honneur. Divisée en deux parties, lutte des classes et lutte des genres, l’exposition présentera 75 peintures et dessins de l’artiste. Ignorée de son vivant, Alice Neel est aujourd’hui célébrée pour ses portraits traduisant avec justesse les différentes strates de la société américaine. 

Du 5 octobre 2022 au 16 janvier 2023 au Centre Pompidou, 19, rue Beaubourg, 75004

Autour de l’arte povera au Jeu de Paume 

En référence à l’œuvre éponyme de Giuseppe Penone, l’exposition Renverser ses yeux revient sur l’époque où les artistes italiens se sont emparés du pouvoir narratif de la photographie, de la vidéo et du film. Des tableaux miroirs de Michelangelo Pistoletto aux œuvres sur photocopie d’Alighiero Boetti, le parcours de l’exposition met en lumière la pratique des avant-gardes italiennes pendant les années 60-70. Prônant un art simple, les divers compagnons de l’arte povera se dressent contre le pop art américain et la scène conceptuelle internationale. 

Du 11 octobre 2022 au 29 janvier 2023 au Musée du Jeu de Paume, 1, place de la Concorde, 75008

Les tribulations d’Erwin Blumenfeld au Mahj 

Suivant la période la plus féconde de l’artiste, de 1930 à 1950, la prochaine exposition du Musée d’art et d’histoire du judaïsme raconte le cheminement d’Erwin Blumenfeld à travers ses photographies les plus célèbres et les plus expérimentales. Tissant des liens avec les maîtres de la peinture et de l’art moderne dans ses images, il forge sa propre grammaire visuelle, faite de jeux d’ombres et de lumières. Il mettra son génie au service de la photographie de mode, où il fera figure de précurseur dans le domaine de la couleur. Soutenu par les titres influents que sont Harper’s Bazaar et Vogue, Erwin Blumenfeld explore librement la beauté et le nu féminin, qui occupent une place centrale dans son travail. 

Du 13 octobre 2022 au 5 mars 2023 au Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71 Rue du Temple, 75003