×

De Netflix au Parlement européen, l’IA et ses dérives collent des sueurs froides

Par Sirine El Ansari

Débattue au Parlement européen et mise en scène par Netflix, l’intelligence artificielle est une nouvelle fois au cœur de l’actualité en ce mois de juin… et réveille nos angoisses de nous voir un jour contrôlés par des machines plus fortes que nous.

Lors d’un vote le 14 juin dernier, le Parlement européen s’est positionné en faveur du tout premier projet de réglementation du secteur de l’intelligence artificielle, une première mondiale. La transparence des algorithmes des intelligences artificielles ainsi que la protection des données personnelles et biométriques ont été au centre des débats de cette séance parlementaire historique.

Assez étrangement, la sortie de la sixième saison de la série Black Mirror coïncide parfaitement avec le projet de loi, qui doit maintenant être négocié entre les pays membres au sein du Conseil européen. De retour ce 15 juin sur Netflix après quatre ans de silence, c’est justement dans le premier épisode nommé “Joan est horrible” qu’un scénario catastrophe incluant l’IA a été imaginé par Charlie Brooker. Dans cet épisode introductif, le personnage Joan se voit être la victime d’une plateforme de streaming et d’une de ses productions qui, en faisant usage de la surveillance basée sur la reconnaissance faciale et vocale, transforme sa vie en une série télévisée hebdomadaire. En utilisant le deepfake, une technique de synthèse alimentée par l’intelligence artificielle, la plateforme de streaming a pu superposer le visage de Salma Hayek pour interpréter le rôle de Joan, parfois au détriment de l’actrice elle-même.

Si la satire dystopique britannique se déploie en tant que fiction, elle ne cesse d’éveiller des craintes parmi les spectateurs, persuadés que la série anticipe des avancées technologiques incontrôlables, voire dangereuses. Ces appréhensions avaient déjà trouvé un écho au sein du Parlement européen en 2021, où il avait fallu rassurer les citoyens face aux craintes suscitées par l’éventuelle mise en place d’un système de notation sociale semblable à celui présenté dans l’épisode “Chute libre” de la troisième saison de Black Mirror.