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Vue mer d’une suite de l’hôtel Hermitage

BAULE D’AIR

Par JOSEPHINE RONEY

Trois heures de train, un souffle d’air salin, et cette silhouette blanche qui surgit face à la mer. Le voyage à l’Hermitage commence par sa façade : monumentale, immaculée, symétrique, avec ses balcons en enfilade et son élégance digne des années folles. Côté mer comme côté ville, le bâtiment impressionne avec ses airs de Grand Budapest Hôtel, par Wes Anderson version bigouden.

Ouvert en 1926, l’établissement a vu passer des générations d’élégants, de curistes, d’artistes. Édith Piaf y chantait pour ses amis, Maurice Chevalier y descendait incognito et Sacha Guitry y posait ses valises entre deux pièces. Un passé chargé d’histoire, qui plane dans les couloirs de ce palace mais qui maitrise l’art de vous faire sentir chez vous.

À la hauteur de sa réputation 

Dès l’arrivée, on sent l’empreinte Barrière à travers le comptoir qui mêle moulures et dorures, reflétées par le plafond miroir. Le standing est respecté, le portrait de Lucien Barrière soigneusement accroché, tel le président dans les mairies, y veille au grain. 

Tout est réuni pour se défaire de ses préoccupations dès la réception, en échange des clés de la chambre qui s’ouvre sur la piscine, avec l’océan pour toile de fond. Le confort est total, la brise chatouille le corps lové sur le matelas digne d’un nuage. 

Pour un supplément de douceur, direction le spa : hammam, sauna, piscine intérieure, salle de repos et soins signés Augustinus Bader, marque culte de la régénération cellulaire. La légende raconte qu’une nuit ici couplée à une baignade et à un soin visage Jet Lag fait rajeunir d’au minimum 10 ans. 

A l’extérieur, des vélos sont à disposition, l’occasion d’une échappée dans les marais salants avant d’enfin découvrir les restaurants de l’hôtel. 

Les pieds dans le sable, la tête ailleurs 

Le Ciro’s mériterait un article à lui seul, ce restaurant emblématique a troqué les planches de Deauville pour le sable de La Baule et quelle brillante idée ! Référence historique de la maison Barrière, cette nouvelle adresse signée Friedmann & Versace, aligne bois laqué, laiton poli, fresques marines et lumière naturelle. La terrasse, posée sur le sable, semble flotter entre ciel et mer. 

Dans l’assiette, le chef Yannick Hochet compose une partition savamment orchestrée : ceviche de maquereau, langoustines du Guilvinec, linguine au homard des côtes bretonnes — mais surtout, surtout ce bar en croûte de sel, amené sur son présentoir, digne de la star qu’il est et préparé devant nos yeux ébahis. Les plats sont parfaits, le service l’est tout autant, à l’image de son illustre voisin Le Pavillon, un écrin champêtre baigné de lumière grâce à ses grandes verrières, inauguré en mai dernier. 

Pour une ambiance plus décontractée pour le déjeuner, Le Ponton coche toutes les cases aussi. Le cadre nous plonge dans une ambiance de vacances instantanément, les mets sont travaillés et peuvent se déguster les pieds ensablés. Une fois emporté par la légèreté, on en vient à perdre quelque peu la notion du temps (c’est exactement le but), mais évidemment, il est aussi possible de grignoter sans se soucier de l’heure grâce au bar Les Évens, au bord de la piscine extérieure, qui répond présent en continu.

Vous l’aurez compris, le charme de l’Hermitage opère et ce tour de force du groupe Barrière dure depuis plus d’un siècle, puisque le secret du vrai luxe y réside : nous faire oublier que nous ne sommes que de passage.