Aux antipodes du style WASP, quelques trublions ont bousculé et façonné la mode outre-Atlantique.
Aux États-Unis, la mode a toujours été non seulement un marqueur social quasi clanique mais aussi l’expression visible de valeurs le plus souvent traditionnelles. C’est bien entendu le cas dans d’autres régions du monde mais, en Europe, ce cadre de conventions s’est délité progressivement depuis les années 1960 pour n’être aujourd’hui qu’un cliché et/ou le souvenir d’une époque révolue. Ce qui a façonné la mode américaine, c’est l’ambition de faire partie de la bonne société, avec tout ce que cela comporte de rigueur et de mimétisme. Un monde parfait où rien ne dépasse, où ni les enfants ne pleurent ni les chiens ne bavent, comme dans un catalogue lifestyle de Ralph Lauren. Lorsqu’elle décide de s’émanciper du leadership parisien après la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique va miser sur la praticité et la diffusion.Ce sont les débuts du prêt-à-porter et même du sportswear, avec des figures emblématiques comme Claire McCardell et Bonnie Cashin. Des vêtements de jour confortables qui, s’ils doivent plaire à un plus grand nombre d’une côte à l’autre du continent, ne peuvent guère affirmer de partis pris stylistiques marqués. Même lorsqu’elle monte en gamme à l’image de Pauline Trigère puis de Halston et Oscar de la Renta, tous pétris d’indéniables qualités, il manque toujours à cette mode un je-ne-sais-quoi qui en fait un véritable art appliqué. Le succès de la wrap dress créée par Diane von Fürstenberg dans les années 1970 et de la slip dress imaginée par Calvin Klein dans les années 1990 répondent au même principe d’efficacité et de modernité lisse.
*Cet article est issu de notre numéro d’Hiver 2024-2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*