×
La chambre à coucher. Lit de Marc Held pour Prisunic en 1970 (© Marc Held) et penderie de Terence Conran pour Prisunic en 1968. Vue de l’exposition « Histoires d’intérieurs. Collection design du MAMC+ » à la Cité du design. Photographie : Cyrille Cauvet/MAMC+

A Saint-Etienne, une expo sur nos intérieurs, des années 1930 à nos jours

Par Sirine El Ansari

Du 28 juin 2023 au 7 janvier 2024, le musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne s’installe dans l’espace de la Cité du design de la capitale  ligérienne pour y présenter une centaine d’objets design issus de sa collection. Dans une scénographie imaginée par l’équipe de Muséotrope, l’exposition Histoires d’intérieurs reprend l’ossature d’une maison et s’aventure à retracer les usages et modes de vie des années 1930 à aujourd’hui, au travers de mobilier et d’objets du quotidien. 

Les travaux de rénovation mis en place depuis avril n’ont pas empêché le musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne de présenter sa collection design forte de 120 pièces et parmi lesquelles figurent des pépites du design d’intérieur.Pour citer Zoé Marty,  responsable des collections du MAMC+, “Histoires d’intérieurs ne se veut pas chronologique”, un constat facile à faire dès les premiers instants de visite de cette maison imaginaire : la cuisine, point d’entrée de l’exposition, possède l’aspect le plus rétro du projet, peut-être à cause de la table jaune en Formica, élément populaire des cuisines des années 1960-1970 que l’on aperçoit à notre arrivée, qui contraste avec les éléments modulaires en inox Système 20 (1997) de chez Bulthaup Design.

La cuisine, espace « genré » au féminin, se distingue de manière significative de la pièce du bureau en face, reflétant ainsi les influences du taylorisme américain à travers la mécanisation du foyer. Il est également important de se souvenir que le bureau, la salle de séjour, la salle de jeux, la chambre parentale et même la salle de bain individuelle ont été ou sont encore des espaces réservés et accessibles à certaines strates sociales. 

Dans le cadre de l’exposition Histoires d’intérieurs, les équipes du MAMC+ et de la Cité du design ont souhaité montrer la manière dont ces pièces, étroitement liées aux époques qui les traversent, ont vu leur composition changer et s’adapter aux usages des personnes qui les habitent. L’utilisation du plastique, illustrée par la machine à écrire transportable Valentine (1969) des designers Ettore Stottass et Perry King pour le fabricant Olivetti ou encore le lit en polyester moulé (1970) de Marc Held pour Prisunic, évoque deux choses majeures :  la réponse au besoin des utilisateurs d’acquérir des pièces légères, transportables, destinées à un usage individuel, ainsi que l’émergence d’une nouvelle accessibilité offerte à la masse pour meubler et décorer son intérieur, notamment via la vente par correspondance chez Prisunic qui, de 1968 à 1975, collaborera avec des designers de renom comme Terence Conran, Olivier Mourgue et Danielle Quarante. 

Mais au risque de le répéter, Histoires d’intérieurs ne se concentre pas sur la présentation des intérieurs de maisons à différentes époques. Bien qu’elle présente plusieurs pièces d’archives du design des années 1960 à 1980, ces objets évoquent en nous une nostalgie partagée, tels les ensembles de vaisselle en verre coloré vermeil Duralex ou les pèse-personnes mécaniques de nos grands-parents. Ces objets perdurent dans nos foyers malgré le passage du temps et soutiennent l’idée qu’au fil des époques, les usages y étant associés sont susceptibles de se maintenir ou se transformer.