Quand il arrive à Florence, Michel-Ange et Léonard de Vinci sont déjà à l’oeuvre. ll en aurait fallu bien davantage pour décourager ce titan de la création. Sa fresque de vie confirme le mot de Goethe : Raphaël a toujours raison.
Dix-huit années ont été nécessaires au peintre Raphaël pour marquer naturellement l’histoire de l’art de son ombre. Il fut tellement étudié, copié, reproduit que son culte, des bondieuseries au pilulier de grand-mère, nous éloigne de ce que fut un ardent travailleur discret, toujours apte à l’approfondissement et la remise en question.
Quatre cents ans plus tard, le plus important courant artistique anglais se définit encore en fonction de lui avec les préraphaélites alors que Manet utilise une de ses estampes comme modèle de composition à son Déjeuner sur l’herbe.
NOMMÉ MAÎTRE À 17 ANS
Son premier biographe, le peintre et premier historien de l’art moderne Giorgio Vasari décrit son privilège : “Le ciel donne parfois une preuve de sa généreuse bienveillance en accumulant sur une seule personne l’infinie richesse de ses trésors, l’ensemble des grâces et des dons les plus rares normalement répartis sur une longue durée entre beaucoup d’individus. C’est ce qui fut manifeste dans le cas de Raffaello Sanzio da Urbino, aussi exceptionnel que charmant.”
De fait, né le vendredi saint du 28 mars 1483 à Urbino, une ville intellectuelle et humaniste marquée par l’illustre Piero della Francesca, Raphaël est également éduqué singulièrement, sans nourrice, par son père Giovanni Santi, le plus grand peintre d’Urbino. Il le perd à 11 ans et sa mère, Màgia di Battista Ciarla, à 8, mais il se forme déjà dans l’atelier de Pérugin à Pérouse. Nommé maître à 17 ans, il s’acquitte de ses premières commandes tout en concevant des designo, des compositions poussées pour des artistes bien plus reconnus, comme le vieux Pinturicchio pour la bibliothèque Piccolomini de Sienne.
*Cet article est issu de notre numéro d’automne 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*