Émeraudes gravées, textes ciselés, créations inspirées, tant de ponts ont été jetés entre bijou et littérature poétique, écrivains et joailliers, une relation fusionnelle qui perdure depuis des siècles et fait toujours vibrer les ateliers de véritables magiciens des Temps modernes.
Messages subliminaux, rébus ou inscriptions senties rendent hommage à l’être aimé, évoquent un mythe ou une appartenance, complimentent ou révèlent des inclinations cachées. Le panel s’annonce va-rié. En parallèle, les pierres précieuses et la symbolique comme les propriétés dont on les a investies génèrent des ouvrages dé-taillés.
L’un des premiers à s’y atteler n’est autre que Marbode (1040-1123), évêque de Rennes. Avec son ouvrage sur les minéraux traduit dans plusieurs langues, il précède Physica, celui de sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179) qui ne consacre pas moins de 26 chapitres aux gemmes!
Tout un programme! Un recueil plus tardif offrira de multiples pistes aux graveurs pour rehausser les bagues de sonnets, voire de vers à déchiffrer, comme The Art of English Poesie qui date de 1589. Parmi les premières manifestations connues, mentionnons les bagues d’amour ou Posy Rings en anglais, une appellation dérivant tout bonnement de poésie. Elles sont très populaires au Moyen Âge et reflètent une littérature du sentiment qui prend son envol avec les “chansons de geste” , de longs poèmes narratifs que les ménestrels déclament avec éloquence. Ces bons mots flattent les connaissances des commanditaires quand, sur le bijou, on peut lire des maximes élaborées ou des références aux vers de Shakespeare.
Parfois, elles se combinent à des mains jointes, des cœurs accolés, des tourterelles qui roucoulent, autant de motifs qui appuient la signification du message. Cette mode traverse les époques, revisitée au xvIIIe siècle quand, au lieu d’apparaître en creux, confiden-tiellement, les inscriptions s’affichent sur de faux parchemins, au cœur de chatons surdimensionnés. Encore faut-il pouvoir les déchiffrer!
*Cet article est issu de notre numéro d’été 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*







