×
Marc Deloche Crédit photo: Marc Deloche

L’ode à la couleur du bijoutier Marc Deloche

Par LAURENT DOMBROWICZ

L’ode à la couleur du bijoutier Marc Deloche.

On connaissait le brillant mais discret bijoutier et créateur toulousain dans une approche assez rigoriste du bijou. Tout change avec cet opus flamboyant. De la couleur comme si elle sortait du tube. Des pierres dures et des laques travaillées en aplat, réminiscences des 80’s. Rencontre express.

CitizenK International : Dans cette collection, votre approche de la couleur évoque Ettore Sottsass et le mouvement Memphis en général. Une madeleine de Proust pour vous, enfant des 80’s ?

Marc Deloche : C’est exactement cela ! Le premier modèle que j’ai imaginé a été celui en forme de zigzag. J’avais en tête les créations d’Ettore Sottsass pour les formes géométriques simples et les couleurs franches. Les années 70 étaient tout en courbes et volutes et les années 80 sont tout en angles droits avec le triangle et le losange à l’honneur, le trait de crayon se tend à nouveau. Une des caractéristiques de cette collection, c’est qu’elle est à la limite entre préciosité et fantaisie. Ces bagues et boucles d’oreilles sont joyeuses et inspirent – je l’espère en tout cas ! – la joie et la bonne humeur à celles qui vont les porter.

On sent chez vous et dans vos créations un lien très fort avec l’architecture, plus encore qu’avec le design ou la mode…

Tout simplement parce que je suis architecte de formation. J’exerce encore cette activité car les deux disciplines se nourrissent l’une de l’autre. Ce n’est qu’une question d’échelle en fin de compte ! J’aime en effet que le bijou soit construit comme pourrait l’être un bâtiment. Dans un projet architectural, j’aime les détails qui peuvent être très peu perceptibles au premier regard et qui se dévoilent quand on y porte plus d’attention. Certains pourraient être traités à la manière d’un bijou, par exemple une poignée de porte ou une rampe… Longtemps, L’architecte était celui qui dessinait tout dans son ouvrage, même le mobilier, les interrupteurs, les motifs de faïence…

Lorsque vous imaginez une collection, est-ce un processus abstrait, purement formel ou avez-vous en tête des femmes (et des hommes) qui pourraient les porter ?

J’ai toujours en tête l’image d’hommes et de femmes pour qui les bijoux sont une partie importante du style. Le bijou aide souvent à se libérer des codes sociaux. On a tous en tête ces images de Karl Lagerfeld avec toutes ses bagues qu’il portait comme une sorte d’armure, de Maria Felix avec ses crocodiles réalisés par Cartier autour du cou, d’Iris Apfel et ses accumulations colorées et XXL. Ils semblent tous avoir intégré le bijou dans leur identité et dans leur look, comme s’il était inenvisageable de sortir sans ! Ils nous disent, chacun dans leur style, que tout est permis.